Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
  Nouure
Nouure
Menu
La Perle - John Steinbeck

La Perle - John Steinbeck

(ATTENTION : .pour voir le GIF en bonne qualité, clique dessus, et regarde-le en grand. Ou clique sur le lien Youtube, et regarde la vidéo en grand. Ou ne fais rien, je suis pas ta mère. Mais ne viens pas chouiner après qu'on voit rien sur le GIF ou je sais pas quoi.
                        . à la fin de l'article, il y a d'autres photos, une musique à écouter... Ne pars pas trop vite dés que je ne te parle plus.)

  Steinbeck, ça vous évoque quoi ? De longues heures à peiner sur « Des Souris et des hommes » en cours de littérature ? Une fascination pour « Les Raisins de la colère » ? La vague sensation que, normalement, vous seriez censés connaître « à l'est d'Éden », parce que le nom vous dit quelque chose et résonne dans votre tête comme un classique ?

   Alors, déjà, pas d'inquiétudes, m'est avis que très peu de gens en France ont lu quelque chose de ce (au demeurant fantastique) auteur américain du Xxéme siècle sans y être un peu forcés, ou sans avoir vu une adaptation de ses romans avant (c'est en tout cas ce qui ressort le plus des différents avis qu'on peut lire ici et là sur internet.) (déjà, la meuf ose dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas.) POURQUOI ? Parce que la plupart du temps les gens trouvent ces livres longs, ardus, désespérants, violents psychologiquement, qu'ils parlent souvent d'une Amérique qu'on connaît peu (mais qui, dans les faits, est très adaptable à un peu partout, malheureusement), BREF, que c'est pas tellement la clé pour passer une très bonne soirée entre potos où tu oublies tous tes petits soucis du quotidien pour s'épanouir tous ensemble dans la joie. Personnellement, j'ai été obligée de lire des « Souris et des hommes » en cours d'anglais, au lycée. Et, moi qui pourtant dévore des livres par paquets de douze et qui n'ai jamais été impressionnée par les grands sentiments, ma première pensée après l'avoir terminé fut un franc et massif HELL NO, plus jamais, PLUS JAMAIS, c'est tellement déprimant. Et ce alors même que je trouvais le texte particulièrement beau et bien écrit.

  Plus tard, en faisant la conversation à mes profs de fac, je me suis rendu compte que, probablement, je l'avais juste lu un peu trop jeune, ou dans un contexte qui ne s'y prêtait pas, mais qu'il fallait pas déconner, Steinbeck c'était quand même un sacré type. OOOOOK, je veux bien réessayer, me suis je dit, MAIS A UNE CONDITION (le suspens est fou, vous vivez la scène comme si vous y étiez, que va-t-il se passer ensuite, qui peut le savoir, vous, moi, personne.). Que je trouve un truc relativement court, pas trop compliqué, quelque chose que je pourrais lire d'une traite, pendant l'été, entre deux autres livres. Et « La Perle » m'est tombé dans les mains.

La Perle - John Steinbeck

Alors, la perle, qu'est-ce ? C'est un roman très court, entre la nouvelle et le roman, dirons-nous, un conte cruel qui raconte l'histoire de Kino, un pêcheur de perle « indien » (mais il ne vient pas d'Inde, hein, plus du pacifique), et de sa famille : Juana, sa femme, et Coyotito, leur bébé. Ils n'ont rien à eux, à part une pirogue que ses ancêtres se passent et réparent de génération en génération, et une hutte. Ils ne savent ni lire, ni écrire. Ils ne sont ni plus, ni moins pauvres que le reste de leur village. Un jour, Coyotito se fait piquer par un scorpion. Le médecin de la ville voisine ne soigne pas pour rien, et alors même que Juana semble tout à fait apte à guérir le gosse toute seule, Kino se dit que ce qu'il faudrait faire, c'est trouver une perle assez grosse pour payer le docteur, juste histoire d'être sûrs que tout va bien. ET LÀ, il trouve LA perle. La « Perle du Monde ».

  Sauf que la Perle du Monde est maudite du cul.

  Kino apprend la crainte, la haine, et le « Chant du mal » se mêle de plus en plus aux autres musiques quotidiennes. La Perle devient un objet d'inquiétude autant qu'un objet d'espoir. (Tu vois l'Anneau unique du Seigneur des Anneaux ? La même.) Celle qui est censée les tirer de leur état de pauvreté, notamment en leur permettant d'éduquer et de soigner leur fils, va être Celle qui va les précipiter dans les ennuis, le sang, les larmes.

  OUIIIIIIIIIII BIENVENUE CHEZ STEINBECK, LA JOIE EST PALPABLE !

  La Perle est, sans avoir besoin d'un doctorat en littérature, assez facilement interprétable : Steinbeck y parle d'un heureux état de grâce où la possession limitée des choses permets de vivre tranquillement, selon ses besoins, sans superflu. Puis arrive une richesse qui contamine tout, et cet être « de nature » va se prendre en pleine face la cupidité et l'envie des autres, lui qui jusque-là vivait simplement. La soif de connaissance, les faux besoins que l'on se crée, le monde qui se transforme autour de lui, les ténèbres qui s'épaississent, tout part de cette perle qui attire l'attention, les convoitises et la jalousie.

  Sûrement parce que c'est à la base un conte traditionnel mexicain, si je ne m'abuse, mais qui est présent dans beaucoup de pays sous différentes formes et versions, c'est manichéen DE OUF. En gros, il y a clairement le Bien, et le Mal. La simplicité tranquille, la richesse tourmentée. Et le message que j'en ai tiré (et que la plupart des gens doivent en tirer, je ne vois pas comment c'est possible autrement) est : ne te rebelle pas contre ta condition. Ne cherche pas à aller plus haut, plus loin, si tu es bien là où tu es. Reste tranquille. La richesse, si tu n'y es pas habitué, si tu n'as pas les moyens de gérer tous les aspects qui vont avec, apporte la corruption, l'envie, la désolation, la MOOOOOOORRRRRRT.

 Le texte est beau, concis, clair, et se lit extrêmement vite. Steinbeck a cette incroyable capacité à dire beaucoup avec peu de mots, mais je ne peux pas m'empêcher d'être un peu dérangée par cette morale qui m'a sauté aux yeux. Je comprends, hein, le fond du truc, la société capitaliste qui pourrit de l'intérieur, tout ça, et je suis même plutôt d'accord avec. Mais, je ne sais pas, il y a comme un fond de truc qui me gêne.

  Un espèce de revival du mythe du bon sauvage qui, décidément, a du mal à passer avec moi.

 

GIF, vidéo et photo : Carmen Kahlo, Adèle Saumureau

GIF, vidéo et photo : Carmen Kahlo, Adèle Saumureau

Ensemble, c'est bien, séparés, c'est mieux. C'est ce que dit cette chanson, et c'est ce qui illustre pour moi le mieux l'histoire d'amour entre Kino et sa perle maudite.

Bonus Track

Bonus Track