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Scène de la vie de Bohème - Henry Murger

Scène de la vie de Bohème - Henry Murger

(ATTENTION : .pour voir le GIF en bonne qualité, clique dessus, et regarde-le en grand. Ou clique sur le lien Youtube, et regarde la vidéo en grand. Ou ne fais rien, je suis pas ta mère. Mais ne viens pas chouiner après qu'on voit rien sur le GIF ou je sais pas quoi.
                        . à la fin de l'article, il y a d'autres photos, une musique à écouter... Ne pars pas trop vite dés que je ne te parle plus.)

Déjà, tous ceux qui ont la chanson d'Aznavour dans la tête avant même que je commence à dire quoi que ce soit, vous sortez. VOUS SORTEZ.

Même si, en vrai, la chanson d'Aznavour résume assez bien ce qu'est la Bohéme, je vous l'accorde.
La bohème, c'est l'art et la jeunesse. C'est l'artiste désargenté, la passion et les grands amours, pour les œuvres, pour des êtres étincelants et fragiles qui vont et qui viennent et qui finissent par partir, tout comme la jeunesse et le temps des combats et des idéaux finissent par passer aussi.
Dans les Scènes de la vie de Bohème, un roman paru en 1851 après avoir eu de premières parutions sous forme de feuilleton, Henry Murger fait plus que nous raconter des petites histoires sur ses contemporains. Il constitue un véritable témoignage d'une forme de vie parisienne de la première moitié du XIXéme siècle, à travers les aventures « ordinaires » de ses héros.


Ils sont quatre.

Rodolphe, le poète. Schaunard, le musicien. Marcel, le peintre. Colline, le philosophe.

Et puis il y a aussi Jacques, le sculpteur, et puis Barbemuche, le journaliste, qui n’a pas hérité du plus joli nom que la terre ait porté, on se le cache pas.

Et puis Mimi, et puis Musette.

Ils sont jeunes et ils ont du talent, ils en sont sûrs. Ils ont une énergie inépuisable, une volonté de vivre dévastatrice, et pas une thune. PAS. UNE. THUNE.

Et ils vont en vivre, des choses.

 

La bohème c'est véritablement un fantasme d'adolescente, pour moi. Fauchés, mais joyeux, productifs et pleins d'espoirs et d'énergie, ancrés dans une profonde mélancolie qu'ils dépassent par l'humour et la philosophie, ces artistes étaient typiquement le genre de personnage qui me faisaient rêver dans mon âge tendre (c'est joli, « âge tendre ».) Et pourtant, on peut pas tellement dire que leur vie soit enviable, hein. Les mecs sont quand même clairement pas mal paumés, la misère guette, les meufs de leur entourage ont une santé bof, ils ont pas de thunes pour se soigner, c'est un milieu mine de rien assez misogyne dans lequel les mecs s'en sortent en créant des choses, et les meufs en couchant avec des mecs plus riches. Sur le papier, ça fait rêver moyen. Mais dans ma tête de jeune fille littéraire et mélancolique, ça résonnait étrangement très différemment. Autant vous dire qu'il est difficile pour les gens comme moi de ne pas s'identifier quasi uniquement aux personnages masculins de ce bouquin, c'est donc essentiellement à eux que je fais référence ici, jusque dans la photo que j'ai prise pour illustrer l'article.

Pour un bohème, il n'y a pas mille issues à sa vie, si on suit sa mentalité intransigeante. Il y a la réussite ; ou la déchéance, la misère et la mort. Et là où Murger est quand même plutôt malin, c'est qu'il nous laisse entrevoir une autre solution, au milieu de tout cet absolutisme romantique : l'embourgeoisement. S'installer, oublier ce grand idéal, vivre tranquille, faire de l'art conventionnel qui plaira, fonder une famille avec quelqu'un d'établi qui pourra financer vos rêves d'artistes. Oublier la bohème.

Et Murger, qui a beaucoup d'humour (on rigole, tous les deux, ON RIGOOOOOLE) trouve pile le bon ton pour en parler. La Bohème est éphémère. La bohème est un bel idéal « immature » dans le sens premier du terme : c'est un état transitoire, une phase. Finalement, il y a dans ce livre les graines de ce qui donnera plus tard le réalisme. On y retrouve, parmi ces histoires qui aurait fait rêver une Emma Bovary, tout ce qui, plus tard, servira à construire son personnage : la désillusion, les aspirations contrariées, la réalité de la vie qui vient heurter de plein fouet la face des romantiques dès qu'ils prennent un peu d'âge et d'expérience.

Scène de la vie de Bohème - Henry Murger

Les histoires de ces artistes qui vivotent sous les toits de Paris, qui bradent leurs œuvres pour la fête d'un soir, qui aiment et se séparent et seraient prêt à tout sacrifier pour sauvegarder leur intégrité, leur art et leur futur qui sera, ils en sont surs, à la mesure de leur talent, m'ont tout de suite chopé par les sentiments.

J'ai envie de dire : forcément.

Les lecteurs assidus de ce blog (ooooh oui, ils sont assidus) savent que je suis une grande fan du romantisme (ooooooh oui ils le savent.). Ils savent que cette période me rends bizarrement dingue, que mon héroïne number one en est issue (BONJOUR GEORGE SAND), ils savent que les emportements de cette jeunesse du XIXéme parlent à mon âme d'artiste un peu tourmentée.

Je ne suis tombée sur ce livre que très tard, et bien après avoir découvert la pièce de Barrière et l'opéra « La Bohéme » de Puccini, tous les deux inspirés par le bouquin. J'avais donc déjà une idée de l'histoire sur laquelle j'allais tomber, et des attentes vis-à-vis de l'ambiance. Et bien, Murger est allé BIEN AU DELA de mes attentes. Genre, VRAIMENT.

Du café Momus à l'île de la Cité, du quai des fleurs à la rue de la Harpe, j'avais rarement été transportée avec une telle précision dans ce Paris d'un autre siècle qui fait rêver les touristes, moi en tête. Le brouhaha du quotidien, les préoccupations et les conversations, les métiers et les aspirations de cette époque, toute cette précision et cette volonté documentaire dans une œuvre romancée, tout cela fait de cette œuvre un indispensable pour qui se sent un peu Bohème dans l'âme.

Ce livre est juste une capsule temporelle. C'est attendrissant, instructif, bien écrit, prenant. Faites-moi plaisir, contribuez à sortir de l'oubli ce livre, ET ALLEZ LE LIRE DE CE PAS.

Photos, GIF et vidéo : Mathilda Bernard, Carmen Kahlo

Photos, GIF et vidéo : Mathilda Bernard, Carmen Kahlo

Bonus track

Bonus track

EEEET bonus track deux, parce que Mathilda est BELLE en homme bohème.

EEEET bonus track deux, parce que Mathilda est BELLE en homme bohème.