Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
  Nouure
Nouure
Menu
Contes - E.T.A Hoffmann

Contes - E.T.A Hoffmann

(ATTENTION : .pour voir le GIF en bonne qualité, clique dessus, et regarde-le en grand. Ou clique sur le lien Youtube, et regarde la vidéo en grand. Ou ne fais rien, je suis pas ta mère. Mais ne viens pas chouiner après qu'on voit rien sur le GIF ou je sais pas quoi.
                        . à la fin de l'article, il y a d'autres photos, une musique à écouter... Ne pars pas trop vite dés que je ne te parle plus.)

   Alors déjà, OUI, je m'excuse. Il y eut des représentations théâtrales, des répétitions, il y eut beaucoup de vidéos à faire et à écrire, et une vie à côté de ça, et j'ai été tenue un peu éloignée de Nouure pendant quelque temps. Oui. Et j'en suis désolée.

   Après des semaines et des SEMAINES d'absence (pourrez-vous jamais me pardonner, lecteurs attentifs) reprenons les bonnes habitudes, je reviens joyeusement écrire et partager des choses ici.

  Pour me faire pardonner, tac, je vous en dis plus sur moi (la générosité même.)
Quand j'étais jeunette, comme je l'ai déjà maintes fois évoqué, j'étais un peu dark. Pas dark « mangeons des chauves-souris » (mais y a-t-il vraiment des gens dark mangeons des chauves-souris ?), plutôt dark romantique XIXéme. Genre j'aime tant la lecture, l'amour est impossible, le son des cloches au loin me fait pleurer, j'ai la mélancolie d'un autre siècle que le mien, qu'est-ce que ce monde, seul Musset me comprends.

  À cette période, je détestais également les films d'horreur. J'étais très impressionnable, j'avais peur d'avoir peur, et je me tenais éloignée d'eux le plus possible. (Ce qui a tellement, TELLEMENT changé. OOOOOOOOH que oui.) Mais j'avais quand même envie qu'on me raconte des histoires effrayantes, parce que l'adolescence. Du coup, j'ai lu Edgar Alan Poe. Beaucoup. BEAUCOUP. Et une fois que les contes de Poe ont été épuisés, il a bien fallu trouver autre chose.

  À la même période, je me suis prise de passion pour l'opéra, et je me suis mis à en écouter en permanence. L'un d'eux, « Les contes d'Hoffmann », d'Offenbach, m'avait particulièrement mis le cul par terre, si vous me permettez l'expression. Il y a dans cette œuvre tout à la fois de la légèreté et du désespoir, de la mélancolie, de l'angoisse, du surnaturel, des moments de musique complètement magiques, des personnages fascinants, le DIABLE EN PERSONNE, UNE MUSE DÉGUISÉE EN MEC, bref, tout ce qu'il fallait pour me contenter. En me renseignant un peu plus, je me suis rendu compte que cet opéra que j'aime tant, c'est une adaptation d'un livre. Un livre de conte. Écrit par Hoffmann. Et on m'a vendu ce livre en me disant : tu vas voir, c'est un genre d'Edgar Alan Poe, mais en plus germanique.

  Mon cerveau, à ce stade-là de la découverte, ne se sentait déjà plus de joie, et je parti joyeusement sur les chemins de la connaissance (vous en prenez plein la vue niveau métaphore littéraire dans cet article.)

Contes - E.T.A Hoffmann

  Hoffmann est un grand écrivain romantique Allemand de la fin XVIIIéme, début XIXéme siècle. Ses contes sont probablement ses écrits ayant remporté le plus de succès, et en vrai, il y a de quoi (le mec a quand même écrit Casse-Noisette, dont sera tiré plus tard le ballet, entre autres.) Dans ces contes, il laisse complètement libre court à son romantisme allemand et à son goût pour le fantastique. On y croise entre autres un homme qui croit avoir vu, étant enfant, un mec tuer son père, un mec qu'il identifiera pour toujours comme le marchand de sable, un homme qu'il croira revoir bien des années plus tard, et qui va l'inciter, par un concours de circonstances, à tomber raide dingue d'une automate beaucoup trop ressemblante à une femme, pour laquelle il est sur le point de sacrifier toute sa vie. On y voit aussi des magnétiseurs persuader des jeunes filles de faire ce qu'ils veulent jusqu'à ce qu'elles en meurent, des cantatrices mourir d'avoir trop bien chanté, des femmes métamorphosées en serpent, et même un homme perdre son reflet pour l'avoir offert un peu trop vite à la grande courtisane Giulietta, figure diabolique et fascinante qui damne les hommes et les éloigne de leurs proches.

  C'est d'ailleurs sur la figure de cette dernière que se base mon illustration, probablement parce qu'elle m'avait marquée beaucoup. Présentée comme une femme sublime, je ne peux pourtant que lire entre les lignes et me l'imaginer comme une courtisane marquée par la fête et les excès, fantasmée différemment par chacun de ceux qui la regarde. Elle peut être une victime tout autant que le Diable en personne, elle peut être possédée et sorcière, ou une simple femme déformée par l'esprit en souffrance d'un homme perdu, effrayé, désœuvré. Puisque le récit est du point de vue de ce dernier, impossible de démêler le vrai du faux, la réalité du fantasme. 

   Ce genre de personnage est d'ailleurs très représentatif des figures effrayantes dans ces contes. On flotte perpétuellement entre rêve et réalité, entre illusions et crimes réels. Et c'est à la fois très chouette, et très frustrant. EST CE QUE CE MEC EST MORT, OUI OU NON ? ET COMMENT DIABLE EST-CE POSSIBLE DE NE PAS SE RENDRE COMPTE QU'ON A PLUS DE REFLET PENDANT AUSSI LONGTEMPS ? HOFFMANN, TU M'ENTENDS ? JE DOIS SAVOIR, ERNEST THEODOR AMADEUS HOFFMANN. 

Contes - E.T.A Hoffmann

   Les histoires sont glauques et sombres à souhait. L'ambiance est palpable, depuis les grands palais jusqu'aux bas fonds vénitiens. Et souvent, d'ailleurs, les uns ne sont pas très loin des autres. Même les plus belles femmes, les plus intelligentes, les endroits les plus accueillants, les hommes les plus chaleureux cachent en dessous d'eux des horreurs, des laideurs, des parts d'ombre qui ravage la vie des narrateurs de chacune des histoires. Le problème ? C'est qu'il faut avoir une intense capacité de visualisation pour lire ce livre, et de la patience.

   Parce que l'écriture y est quand même particulière, ampoulée, descriptive. C'est beau, c'est hypnotisant, mais il faut parfois un peu de temps pour s'habituer au style, voir franchir cette « barrière de la langue ». Là ou Poe rends perceptible tout de suite la tension, l'horreur, Hoffmann finaude, contourne. On attend parfois longtemps le fantastique, le suspens, l'élément déclencheur. L'avantage, c'est que lorsqu'il apparaît, il nous saisit d'autant plus. L'inconvénient, c'est que certains n'ont pas la patience d'attendre qu'il apparaisse.

   Peut-être est-il de bon ton, finalement, de ne pas avoir trop vu de films d'horreur moderne, ou de pouvoir aisément s'en distancer, avant d'avoir lu ce livre. Ceux qui ne sont pas de grands contemplatifs, les lecteurs habitués à un rythme effréné, à de l'horreur immédiate, vont probablement être déçus.

   En bref, de grands contes gothiques romantiques, pour les romantiques.

Photo, GIF et vidéo : Carmen Kahlo

Photo, GIF et vidéo : Carmen Kahlo

Puisque cet article a été illustré avec Giulietta, autant la mettre à l'honneur aussi dans l'opéra. Un de mes morceaux préféré au monde, faussement doux, plein d'érotisme et de langueur, tout imprégné encore de la moiteur des nuits italiennes, bouleversant.

Bonus track

Bonus track