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Consuelo - George Sand

Consuelo - George Sand

(ATTENTION : .pour voir le GIF en bonne qualité, clique dessus, et regarde-le en grand. Ou clique sur le lien Youtube, et regarde la vidéo en grand. Ou ne fais rien, je suis pas ta mère. Mais ne viens pas chouiner après qu'on voit rien sur le GIF ou je sais pas quoi.
                        . à la fin de l'article, il y a une musique à écouter. Ne pars pas trop vite dés que je ne te parle plus.)

Attention, mise en situation.

Nous sommes en août 2017, vous êtes actuellement Carmen Kahlo, une sublime jeune femme de 28 ans extrêmement intelligente et aux multiples talents (TAISEZ-VOUS. C'EST MOI QUI RACONTE. C'EST MOI QUI RACONTE OU PAS ?) et vous venez de vous installer dans ce qui deviendra plus tard une fabuleuse colocation. Sauf que pour l'instant, et pour une bonne semaine encore, vous êtes seule dans ce grand appartement. SEULE. Sans internet, sans la télé. Avec des dizaines et des dizaines de cartons à ouvrir, ranger, organiser. À côté de ça, vous avez sorti vos MILLIERS de livres de leurs cartons, parce que vous avez le sens des priorités. (Peut-être pas mille. Peut être pas.)

QUE FAITES-VOUS ?

Et bien, je vais vous le dire. Vous cherchez dans votre bibliothèque un très gros livre que vous n'avez encore jamais lu pour passer cette semaine de solitude en bonne compagnie, et pour booster votre productivité (non).

Et Consuelo, de la grande, la sublime George Sand, vous tombe entre les pattes.

 

ATTENTION POINT FAN GIRL. J'ai personnellement deux modèles dans la vie, deux femmes qui sont un peu mes phares dans la nuit. En cas de nuit. Elles le sont aussi dans le jour. Mais si la nuit tombe, bon. Elles sont là. Aussi. BREF.

Sur ces deux femmes, tu en connais déjà une, lecteur attentif, puisque t'ai déjà parlé de mon amour pour Frida Kahlo ici (si c'est écrit en rouge c'est que tu peux cliquer dessus. N'hésite pas. Clique.). La deuxième est George Sand.
George Sand, je ne l'aime pas. Je l'idolâtre. Autant l'intellectuelle que l'auteure, autant la politicienne que la conteuse pour enfant, autant l'amante libre que la mère de famille, cette femme est mon modèle depuis que j'ai une dizaine d'années, âge auquel j'ai visité Nohant pour la première fois, en famille.
J'ai été complètement saisie par l'ambiance du lieu, où on sent la présence de l'écrivaine partout. (Vous ne connaissez pas Nohant, la fabuleuse maison de George Sand ? Allez la visiter. ALLEZ-Y.) L'impression que cette demeure a laissée en moi a été si puissante que je me suis mise à collectionner tout et n'importe quoi en rapport avec elle, et à acheter tout un tas de livres de George Sand, que je lis depuis tranquillement, les uns après les autres, confirmant ainsi à chaque nouvelle lecture à quel point cette auteure a du génie.

LE POINT FAN GIRL EST TERMINÉ, revenons à nos moutons.

   Consuelo raconte l'histoire de... ben de Consuelo (WOW, ÉTONNEMENT), une cantatrice du XVIIIéme siècle que l'on va suivre depuis ses débuts, zingara orpheline dans les bas-fonds de Venise, puis dans les sombres recoins de la demeure gothique des Rudolstadt, sur les routes poussiéreuses de la Bohême au côté du tout jeune Joseph Haydn (oui oui, LE Haydn.), dans les palais et dans les chaumières, bref, partout où ses pas la conduiront.

Consuelo - George Sand

   Consuelo est une artiste, l'artiste absolue. Elle n'éprouve d'amour que pour l'art, que pour la beauté vraie, et ne cherche pas la popularité, ni la gloire, ni quoi que ce soit qui la détournerait de sa vérité à elle, de sa justesse. Elle ne se laisse pas distraire. Consuelo est enflammée, pleine de force et d'énergie, battante, invincible. Consuelo n'est pas vraiment jolie. Elle a le cheveu et l'oeil noir, ne se soucie pas de son apparence. Consuelo chante. Elle chante comme personne n'a chanté avant elle. Elle flamboie de l'intérieur, depuis toujours, et ce qui sort de sa bouche embaume les âmes qui l'écoutent. Elle a appris à chanter avec sa mère gitane, une femme absolue et violente, et c'est avec elle qu'elle a appris à croire aussi. Consuelo est une mystique qui réinvente sans cesse sa religion. Elle croit en la force, en un amour surpuissant et tranquille, elle croit en une énergie qui transcende tout, les gens, les bêtes et les choses, elle croit en la vérité et la justice, elle croit en quelque chose au-dessus d'elle, qu'elle dessine avec des sons. Son chant apaise, guéri, enflamme. Son chant sauve et console. La voix de « Consuelo », « la consolation », est un baume sur le monde, et ce monde a tant besoin d'elle.

  Alors oui, je vous accorde qu'il y a un côté feuilleton dans ce livre, qui d'ailleurs est sorti tout d'abord, si mes souvenirs sont bons, sous forme de petits épisodes réguliers dans un journal. Déjà parce que l'écriture y est vraiment très simple, très directe, pleine d'images percutantes qui vous transportent tout de suite. Et aussi parce qu'il se passe systématiquement quelque chose. On court, avec l'héroïne, de lieu en lieu, de rencontre en rencontre (souvent avec des hommes et des femmes ayant réellement existé), de surprise en surprise, avec de temps en temps des retournements de situations parfaitement improbables, oui, c'est vrai. C'est vrai. Mais on s'y laisse prendre très vite. Parce que c'est surprenant. C'est étrange. Et c'est beau.

 

   Consuelo a été un livre complètement oublié pendant longtemps, et il reste assez difficile à trouver (il est publié en deux tomes : Consuelo, puis La Comtesse de Rudolstadt.). Trop mystique pour certain, trop subversif pour les religieux. Et pourtant, quel chef-d’œuvre, mes petits potos, quel chef-d’œuvre ! C'est une œuvre typiquement Romantique, de ce romantisme allemand à la sensibilité puissante, à l'ambiance gothique étrange, avec une religion idéalisée, une pureté sensuelle, et j'ai rarement vu une écriture aussi évocatrice que celle de George Sand dans ce roman. On entend la musique, on entend la voix de cette chanteuse de génie, il y a tellement peu d'espace de silence dans ces pages. Tout est construit comme une partition, et si vous en voulez la preuve, faites ce petit test : mettez-vous dans les oreilles les musiques mentionnées au fil du récit au fur et à mesure que vous les voyez apparaître. Tout concorde, tout semble s'imbriquer parfaitement, les inflexions de l'histoire et celles des instruments. Franchement, ça met les poils. LES POILS.

 

Vous me trouvez beaucoup trop enthousiaste ? Et bien, sachez, bande de rabats-joie sceptiques, que je ne suis pas la seule. Le philosophe Alain considère ce bouquin comme le meilleur de George Sand. Il dira que « toute la culture possible tient dans ce livre. » Ouaip mon gars.

 

Si vous n'êtes pas effrayés par la longueur des livres, si vous êtes un peu sensibles à la musique et à l'art, jetez-vous sur cette histoire.

Consuelo, c'est comme une sombre fanfare qui vous résonne directement dans l'âme. (ET BIM. ÇA, C'EST DE MOI. ÇA PÈTE COMME CONCLUSION, HEIN ?)

GIF, photos et vidéo : Carmen Kahlo

GIF, photos et vidéo : Carmen Kahlo

Bonus track

Bonus track

Nicola Porpora, le "maître à chanter" de Consuelo dans le livre, existe réellement, comme beaucoup d'autres personnages du bouquin. Il est même plutôt célèbre dans un certain style. Genre célèbre ça va.